Table « rivière » (version 2)

Ce projet consiste à décliner un modèle de table avec plateau « live edge » et verre en plusieurs formats: table basse, console, table de salle à manger, etc.

L’empiètement est fabriqué soit en métal, soit en chêne, assemblage classique à queues droites. La fabrication du plateau est par contre plus laborieuse. Voici l’état d’une table basse après avoir réalisé le travail de menuiserie: vu du dessus, on distingue les empiètements et les plateaux « live edge ».

Reste à façonner et insérer un plaque de verre entre les deux moitiés de plateau, ce qui est réalisé en trois étapes:

– Création d’un fichier de découpe
– Envoi de ce fichier à une miroiterie pour découpe numérique du verre, suivi de trempage
– Insertion du verre dans le plateau par fraisage complémentaire

Le fichier de découpe

Je trace au crayon sur le plateau le profil de la plaque de verre et prend une photo, en prenant soin de positioner l’appareil au centre et bien horizontal. Cette photo va servir à créer le fichier de découpe.
Je commence par traiter le fichier sous Gimp pour corriger la parallaxe et la déformation due à l’objectif (comparez le parallélisme des empiètements avant traitement (ci-dessus) et après (ci-dessous)).

L’étape suivante est de créer un fichier vectoriel du profil. C’est chose faite sous Inkscape, en traçant le profil point par point sur un calque, à l’aide de courbes de Bézier (car c’est la manière la plus facile d’obtenir des courbes régulières). On obtient ceci:

 

Le profil est formé de nombreuses courbes, représentées ici en couleur:

Malheureusement, la machine CNC qui va être utilisée par la suite n’aime pas les courbes de Bézier, et ne comprend que les segments de droite et les arcs. Il faut donc transformer nos splines en arcs et droites, ce qui est fait grâce à un petit programme écrit en python, disponible ici. Il ne reste plus qu’à envoyer le fichier de découpe (au format dxf) à la miroiterie.

Insertion de la plaque de verre

La plaque de verre va être insérée dans le plateau par fraisage complémentaire. Partant de la plaque de verre comme gabarit, on utilise une baque de 13mm et une fraise de 6mm pour obtenir une découpe du contre-gabarit à (13+6)/2 = 9.5mm de la plaque de verre. Equipé ensuite d’une bague de 27mm et d’une fraise de 8mm, on découpe une feuillure à (27-8)/2 = 9.5mm du contre-gabarit, soit exactement le profil de la plaque de verre.

La photo ci-dessous montre le contre-gabarit prêt à être découpé. Un talon est fixé à la semelle de défonceuse pour garantir sa stabilité (la fraise ne vas pas être loin de la plaque de verre!)

L’étape suivante consiste à découper la feuillure avec le contre-gabarit, la défonceuse est montée sur une sorte de chariot afin de garantir la planéité de la découpe.

Enfin le résultat de toutes ces découpes: On distingue sur la photo ci-dessous le contre-gabarit en MDF de 6mm, la feuillure découpée à 9.5mm du contre-gabarit, et la plaque de verre qui s’insère de manière satisfaisante dans son logement.

On assemble le tout, et termine par quelques couches d’huile-cire dure.

 

 

Tréteaux pliants

Inspiré par Shopdog, voici ma version du tréteau pliant à quatre pans.

Un gabarit s’est révélé très utile, non seulement pour valider les angles, mais aussi pour reporter fidèlement les mesures sur les montants.

Contrairement au tréteaux de ShopDog, ceux-ci ne se replient pas complètement: Le montage des traverses à mi-bois empêche un pliage complet, mais on devrait y gagner en stabilité.

Gabarit d’affutage

Voici un gabarit d’affûtage construit selon les plans de John Heisz: simple à réaliser et très efficace.

 

 

Des piges à 25, 27 et 30 degrés permettent de régler facilement le gabarit.

 

Réfection d’un fauteuil bergère d’époque Napoléon III

Ce projet de restauration concerne un fauteuil bergère gondole à claire-voie d’époque Napoléon III, réalisé dans le style Louis XV. Ce siège en noyer ciré, se présente totalement démonté mais complet. Cependant, de nombreux assemblages sont fracturés, ou présentent des lacunes. Le siège est constitué de quatre pieds galbés, d’une ceinture assemblée par tenons et mortaises aux pieds et montants. J’ai réalisé ce projet dans le cadre d’une formation au GRETA.

Un peu d’histoire

Le règne de Louis XIV est marqué par l’instauration d’une étiquette stricte, qui gouverne, entre autres, l’usage des sièges à la Cour. Le roi et la reine sont les seuls à pouvoir s’asseoir sur des fauteuils. Les chaises sont réservées aux princes et les tabourets aux princesses et duchesses. La bergère gondole apparaît vers 1720, c’est à dire sous la Régence, à une époque où l’étiquette s’assouplit et l’usage du fauteuil n’est plus réservé au monarque.

A cette époque apparaît la bergère, un large fauteuil au dossier rembourré, garni de joues et manchettes. Son confort explique sans doutes sa popularité, et le principe d’un fauteuil à joues est décliné en de multiples variantes.

Par la suite, le fauteuil bergère ne se démodera plus : on le retrouve dans tous les styles, depuis la Régence jusqu’au meuble contemporain. Il est ainsi relativement aisé de trouver des pièces comparables au meuble à restaurer. La construction à clair-voie des cotés donne cependant à notre meuble une touche d’originalité.

Constat et proposition d’intervention

Ce projet de restauration implique deux types d’intervention :

En premier lieu, le meuble présente de nombreux assemblages fracturés, mais nous disposons d’une bonne partie de ces fragments, restés collés au meuble. Par exemple, on observe de nombreux tenons fracturés, avec un fragment de tenon collé dans la mortaise correspondante.

En second lieu, le meuble souffre de plusieurs lacunes, principalement au niveau des pieds. Certaines lacunes concernent des parties invisibles sur le meuble fini (lacune sur le taquet G). D’autres lacunes affectent par contre des parties très visibles (sculpture du pied D).

L’intervention aura pour but de rétablir ce fauteuil dans un état d’usage, tout en respectant les principes déontologiques en vigueur, à savoir :

– respecter l’intégrité totale du meuble

– garantir la réversibilité des interventions quand cela se justifie

– documenter les éléments lacunaires et les reconstructions

– conserver la patine due à l’âge du mobilier

Ces principes ont conduit à faire les choix suivants :

– Les greffes de lacunes et la reconstruction d’éléments fracturés, qui n’ont pas vocation à être démontés, sont réalisés de manière non-reversible, en utilisant des colles epoxy. Ceci afin de rendre la reconstruction aussi solide que possible. Les autres collages seront réalisés à la colle animale « à chaud » ou à la colle dite « de poisson ».

– Tous les fragments disponibles, sans aucune exception, seront réutilisés dans la reconstruction, même si les parties reconstruites ne sont pas visibles. Par exemple, on reconstruira les tenons fracturés avec les fragments extraits des mortaises correspondantes.

– La patine du meuble sera conservée. La finition consistera en un nettoyage et un cirage dans le ton du meuble.

Mise en oeuvre

Nous ne présenterons que quelques aspects de la mise en oeuvre.

Reconstitution du pied droit.

Le pied droit souffre d’une importante lacune au niveau de la mortaise de la ceinture avant. Les étapes de la reconstruction sont illustrées ci-dessous: ajout d’une greffe, report de la sculpture, en s’inspirant de la sulpture du pied gauche, sculpture à la gouge et finalement teinture et cirage.

Reconstitution du pied gauche

la tête du pied gauche présente une important lacune, pour laquelle une greffe est dificilement envisageable. On reconstruit la partie manquante par un moulage en balsite, teinté dans la masse, puis sculpté à la gouge.

Collage du dossier et des montants

Les montants et le dossier ont été collés à la colle chaude dans une poche à vide. L’opération se déroule en deux temps :

Les assemblages sont enduits de colle chaude, et l’ensemble est placé dans une poche à vide. Le vide est réalisé, et on vérifie visuellement la bonne mise en place des assemblages.

A ce stade, la colle s’est refroidie, et on n’est pas assuré d’une bonne prise. On a donc dans un second temps réchauffé l’ensemble du montage, maintenu en position dans la poche à vide, pour assurer une prise parfaite de la colle chaude.

On distingue sur la partie droite du montage la présence d’une sonde qui permettra de contrôler la température du bois, et donc la viscosité de la colle chaude.

Le montage est porté à la température de viscosité de la colle chaude à l’aide de deux rampes de lampes infra-rouges.

Vu de dessus, on distingue l’assemblage à coller dans sa poche à vide, et les deux rampes à infra-rouge.